Année :

Kazumi Hiraishi

(Shizuka / Cutie Ai)

Ayaka Tsuji

(Sayaka)

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Que deviennent les super-héroïnes japonaises une fois leur ennemi juré anéanti dans le dernier épisode de leur série? Et bien, n'en déplaise aux féministes, elles raccrochent leur morpher, trouvent un mari, fondent une famille et entament une vie de femme au foyer lambda. Mais comme dit le proverbe: chassez le naturel, il revient au galop. Et il suffit qu'un ancien ennemi refasse surface pour que notre vaillante justicière reprenne du service et aille botter les fesses du mécréant, à plus forte raison si ce dernier s'en prend à sa famille. C'est ce qui arrive à Shizuka Misaki, alias Cutie Ai.




Pourtant, à voir Shizuka, on a du mal à croire qu'elle ait pu être autrefois une héroïne de la justice, tant cette désespérante housewife est insouciante et écervelée, occupant ses journées à faire les soldes ou le ménage et surtout, à se mettre dans le pétrin, au grand désespoir de sa fille Sayaka, qui doit à chaque fois la tirer d'affaire et dont on se demande si elle n'est pas plus mature que sa mère.





Cette existence routinière prend fin le jour où son scientifique de mari, le professeur Misaki, est enlevé par des gangsters portant des masques frappés d'un scorpion stylisé. On assiste alors à une scène complétement surréaliste: témoin de l'enlèvement de son père, Sayaka, au lieu de s'affoler et/ou de prévenir la police comme le ferait une personne normale, reste de longues minutes à se demander quoi faire avant de se décider à prévenir sa mère, laquelle lui conseille simplement ... de ne pas s'inquiéter et de retourner à l'école comme si de rien n'était. A les voir, on a du mal à croire qu'elles parlent de l'enlèvement d'un membre de leur famille, mais plutôt du vol d'une pièce de 1 €.





Et ce d'autant plus qu'entre le moment ou Sayaka assiste à l'enlèvement de son père et celui où elle prévient sa mère, il s'écoule de loooooongues minutes durant lesquelles on voit Sayaka se demander ce qu'elle doit faire, Shizuka faire le ménage chez elle avant de changer de tenue, puis son téléphone sonner dans le vide quand sa fille se décide enfin à la prévenir. Etait-il vraiment nécessaire de s'attarder aussi longtemps sur de telles scènes? A ceux qui me diront que c'est pour faire du suspense, je répondrais que point trop n'en faut.







En réalité, quand Sayaka lui a décrit les kidnappeurs, Shizuka a reconnu les hommes de main de Maa, une organisation criminelle qu'elle pensait avoir détruite il y a 10 ans, mais qui refait surface aujourd'hui, désormais dirigé par la fille de son ancien leader, une créature mi-femme, mi-scorpion. Shizuka va donc devoir redevenir Cutie Ai pour délivrer son mari et empêcher Maa de mettre la main sur l'invention révolutionnaire de ce dernier, cachée dans le collier de Sayaka.







C'est probablement lié à sa longue période d'inactivité, mais Cutie Ai ne fait pas preuve d'une grande efficacité, puisqu'elle passe son temps à se faire capturer avec une facilité déconcertante. En même temps, il faut bien que le film remplisse les quotas habituels de scènes de bondage et de torture inhérentes aux productions ZEN PICTURES, l'occasion pour les hommes de Maa de s'amuser comme des petits fous, finissant même par se chamailler comme des gamins pour savoir à qui c'est le tour de frapper leur prisonnière.





On notera d'ailleurs que si Cutie Ai n'est pas très efficace comme sauveteuse, le reste de sa famille ne vaut pas mieux et on assiste rapidement à un véritable chassé-croisé: en voulant libérer son mari, Cutie Ai est capturée par Maa, puis libérée par Sayaka, laquelle est enlevée à son tour, puis Cutie Ai se refait capturer en délivrant sa fille et son mari, lesquels se font capturer à leur tour en essayant de la délivrer. Bref, il serait assez intéressant d'étudier le génome de cette famille afin d'isoler le gène du manque de bol.





Si le scénario, mince mais ne se prenant pas au sérieux, passe relativement bien, la mise en scène laisse quand même parfois à désirer. Oh, quand il faut cadrer en gros plan l'arrière-train ou le décolleté de l'héroïne, pas de problème, mais dès qu'il s'agit de mettre en image une scène un peu trop complexe, on a une série de plans serrés sur un ou deux personnages à la fois, alors que la scène en fait interagir une demi-douzaine. A la vue du résultat, une seule phrase vient à l'esprit: "Mais il se passe quoi, au juste!?" Pour la défense du réalisateur, Motoharu Takauji, on rappellera qu'il s'agissait d'un de ses premiers films et qu'il s'est nettement amélioré depuis.






Avec son scénario simple mais acceptable, son soupçon d'autoparodie et son héroïne sympathiquement barrée, Cutie Ai aurait pu donner un résultat sympathique mais est handicapé par une mise en scène pas toujours lisible et surtout d'énoooormes longueurs qui s'étiiiiiiiirent à n'en plus finir. Quand on a juste assez de matière pour faire un court-métrage acceptable, il est rarement judicieux de vouloir remplir une heure avec.