Année :
2013
Genre : L'argent ne fait pas le bonheur.
Durée: 1h49

Avec:
Ayame Misaki
(Erika / Hitomi / Kurumi)
Noriko Aoyama
(Kurumi)
Nora
(Mimi)
Yûsei Tajima
(Shinkai)
Itsuji Itao
(Saeki)
Shô Aoyagi
(Ôno)
Kenji Mizuhashi
(Beethoven)

Site officiel :
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Les bars à hôtesses ou kyabakuras (contraction de "kyabaree kurabu" qui est l'écriture phonétique japonaise de "cabaret club") sont des établissements souvent luxueux et très prisés au Japon où des hôtesses (également appelées "kyabajôs") sont chargées de tenir compagnie aux clients à qui elles servent les consommations, allument les cigarettes et tiennent la conversation. Kurumi Tachibana fut pendant huit ans une de ces kyabajôs et s'inspira de son expérience pour écrire son bestseller autobiographique JUDAS dont le film qui nous intéresse ici est l'adaptation.




Au début du film, notre héroïne n'est encore qu'Erika, une lycéenne timorée au look quelconque, travaillant comme serveuse dans un petit restaurant où elle est en bute aux réflexions des consommateurs et aux réprimandes de son employeur. Un jour, elle a la mauvaise surprise de surprendre son petit ami en compagnie d'une autre, ce qui lui vaut de se faire plaquer de la manière la plus directe et indélicate possible, d'autant plus qu'elle est enceinte de lui.



Vu la situation, je pense inutile de prétendre que ce n'est pas du tout ce que tu crois.


Mon cœur saigne. Ma tête aussi.


Malheureuse au travail comme en amour, Erika est remarquée par Shinkai, un consommateur qui lui propose de travailler comme kyabajô dans son club, le Elle Seine, sous le pseudonyme de Hitomi (œil). Ayant besoin d'argent pour payer son avortement, Erika accepte ce travail et, grâce aux conseils de sa collègue et amie Kurumi, elle devient rapidement la kyabajô N°1 du club.



Relooking extreme.


Pretty woman, dadadadada ...


Un an après ses débuts, Hitomi quitte le Elle Seine pour rejoindre le Club Eden, sous le nom de Kurumi. Ce club situé dans les quartiers chics est d'un standing très différent du Elle Seine et Kurumi a quelques difficultés à s'adapter au départ, mais elle progresse rapidement jusqu'à devenir la kyabajô N°2, la première place étant occupée par son amie et néanmoins rivale, Mimi.



Il ne peut en rester qu'une.


Tu t'es vue quand t'as bu?


Un soir où Mimi est absente, Kurumi est chargée de la remplacer auprès du richissime Saeki, principal client du Club Eden et client régulier de Mimi. La soirée se termine au salon VIP où Saeki, heu ... Comment dire ça de façon convenable? Où Saeki se comporte comme DSK qui aurait reçu des leçons de tango de Marlon Brando (inutile de préciser que la scène met volontairement le spectateur mal à l'aise). A la suite de cette soirée, Kurumi devient la kyabajô favorite de Saeki, au détriment de Mimi qui le prend d'autant plus mal qu'elle espérait l'épouser.



Au début, pourtant, tout semble aller.


Saeki offre même un collier à Kurumi.


C'est l'usage qu'il en fait ensuite qui pose problème.


Par la suite, tout semble enfin sourire à Kurumi: elle atteint la place tant convoitée de kyabajô N°1 du Club Eden avant d'être contactée par Dulcinea, un nouveau club d'élite qui recrute ses hôtesses parmi les meilleures des autres clubs, et surtout, elle trouve enfin le partenaire idéal en la personne du riche et séduisant homme d'affaire Ôno.



La gloire, la fortune, l'amour.


Heu, et moi dans tout ça?


Hélas, il est dit que Kurumi ne sera jamais heureuse en amour. Et ainsi, après avoir été trompée et plaquée par son petit ami dont elle était enceinte, puis plus ou moins violée par Saeki, elle n'aura pas plus de chance avec Ôno qui s'enfuira après que les activités illégales auxquelles il devait sa fortune aient été révélées (pour sa défense, il aura quand même proposé à Kurumi de partir avec lui). Même "Beethoven", un timide client qui aura suivi Kurumi dans chaque club où elle aura travaillé, finira par s'introduire chez elle et seul un coup de bouteille bien placé empêchera la situation de dégénérer d'avantage.



"Beethoven", ainsi surnommé à cause de sa coiffure.


Tu peux m'attendre un instant? Je reviens tout de suite.


Une heure plus tard.


Deux heures plus tard.


Trois heures plus tard.


Attention: trop de champagne donne mal à la tête.


Je l'avais dit.


Le film enchaîne ensuite sur une scène censément sérieuse mais atteignant plutôt un sommet de comique involontaire, au point qu'acteurs et équipe technique avaient du mal à rester sérieux en la tournant. Jugez plutôt: Kurumi arrive furieuse au Dulcinea, s'empare d'un lourd cendrier et tente d'assommer une collègue avec, avant de changer d'avis et de la tabasser à coups de coussin, puis de briser un vase pour finalement repartir en laissant une liasse de billets pour rembourser les dégâts. Pour résumer cette scène en trois lettres: WTF?



Le premier qui rit a perdu.


On va peut-être éviter de la contrarier aujourd'hui.


En fait, Kurumi n'est pas heureuse tout court. La réussite professionnelle et l'argent qu'elle dépense compulsivement en produits de luxe ne lui procurent qu'un bonheur illusoire et même si elle semble s'endurcir à chaque déception amoureuse, ce n'est qu'une façade. Elle est même hantée par un cauchemar récurrent dans lequel elle erre dans une forêt avant de découvrir son propre cadavre, ou plutôt celui d'Erika portant la même tenue d'écolière et la même blessure à la tête que lorsqu'elle s'était faite plaquer, manière pour son subconscient de lui faire comprendre que sa vraie personnalité est morte ce jour-là.



Métaphore!


Finalement, après des retrouvailles et une discussion avec Shinkai (qui aura finalement été le seul homme de son entourage à l'avoir toujours traité avec respect), Kurumi décide de tirer un trait sur cette existence, quittant même son travail un soir où sa présence était pourtant indispensable. Le film se termine sur une nouvelle scène un peu bizarre dans laquelle Kurumi sort des liasses de billets d'un sac et les jette du haut d'un toit, les billets devenant des pétales de cerisier tombant sur une Erika revenue à la vie et souriant alors que sa blessure à la tête disparaît. Kurumi est redevenue Erika et part vers une nouvelle vie. Une vie qui lui apportera peut-être enfin le bonheur, qui sait?



Métaphore 2, le retour!


JUDAS n'est certes pas exempt de défauts et certaines scènes suscitent involontairement l'hilarité et/ou la perplexité. Elles sont heureusement assez rares et le reste du film fonctionne bien, en particulier grâce à son interprète principale. Ayame Misaki a beau être un véritable clown dans la vraie vie, elle prouve une nouvelle fois son talent pour les rôles dramatiques en incarnant une héroïne qui, de jeune fille quelconque, timorée et de condition modeste, se métamorphose progressivement en femme fatale élégante, maniérée et aimant le luxe qui finira par comprendre que l'argent et la célébrité ne suffisent pas à faire le bonheur.



Une kyabajô chasse l'autre.

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