Année : 2003
Catégorie(s) : Henshin héroïne, Tsuburaya Productions.
Genre : Fantômette au Japon.

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LA SÉRIE


Si Tsuburaya Productions est surtout célèbre pour avoir produit Ultraman et ses nombreuses déclinaisons, qu'il s'agisse de suites officielles ou d'autres super-héros sortant du même moule (Gridman, Mirrorman …), il leur arrive souvent de s'éloigner du genre kyodai hero. C'est ainsi qu'en 2003, la compagnie sortit directement en video une mini-série de six épisodes mettant en scène une henshin heroïne: Otasuke Girl.


La création du costume d'Otasuke Girl est passée par de nombreuses étapes.

Jun Kawai, Ayumi Moroi et Riko Sawaguchi, trois lycéennes du campus Alps pour filles, forment le club de détectives Yûyake. Les enquêtes de ces trois détectives en herbe les placent régulièrement dans des situations aussi périlleuses qu'inextricables dont elles ne se sortent à chaque fois que grâce à l'intervention d'une mystérieuse justicière masquée surnommée Otasuke Girl. Sachant qu'Otasuke Girl porte un masque minimaliste qui ne dissimule pas grand-chose de son visage, et qu'avant chacune de ses apparitions, Riko s'éclipse sous un vague prétexte pour réapparaître aussitôt après son départ, le fait que ses deux camarades soient incapables d'additionner deux et deux en dit long sur les capacités de ce club de détectives amatrices plus amatrices que détectives.


Chaque épisode débute par un générique en dessin animé.


Mais ne vous y fiez pas: à aucun moment dans la série Otasuke Girl n'affrontera ces ennemis hauts en couleur.

Avec son trio d'écolières détectives dont l'une est secrètement la justicière masquée qui leur vient régulièrement en aide, Otasuke Girl rappelle un peu une célèbre série française de livres pour la jeunesse écrits par Georges Chaulet: Fantômette. Toutefois, si Fantômette est une fille ordinaire qui ne compte que sur son intelligence et ses capacités athlétiques pour accomplir ses missions, Otasuke Girl bénéficie d'armes magiques et de capacités physiques surhumaines, ce qui nuit un peu au suspens. En effet, la plupart des ennemis qu'elle affronte ne sont que des criminels ordinaires, pas très futés de surcroît, qu'elle n'a donc aucun mal à one shoter. Seuls les épisodes 1 et 6 lui opposent des adversaires capables de la mettre en difficulté.


En matière de dangerosité, ces trois bandits sont clairement au bas de l'échelle.


Ha! Ha! Ha! J'ai une prisonnière!


Il faut qu'on aille la délivrer!


Ha! Ha! Ha! C'était une fine supercherie.


Et maintenant, c'est vous qui êtes nos prisonnières.


OH MY GOD !


Fini de rire, maintenant!

Dans le double rôle de Riko Sawaguchi et d'Otasuke Girl, Riko Kurita (qui se fait aujourd'hui appeler Atsumi Ishihara, ce qui prouve que même IRL, elle a un faible pour les identités multiples) confère un charme candide au personnage mais son jeu d'actrice laisse à désirer, sans compter qu'elle est un peu raide dans les scènes de combat.


Une demande de rançon codée pour ressembler à une lettre d'amour passe de main en main et provoque une série de malentendus se terminant en bagarre générale impliquant l'ensemble des personnages de la série.


Kazunori croit que la lettre lui a été adressée par Izumi ...


... Et il se fait beau pour l'occasion.


Sachiho croit que la lettre lui a été adressée par Kazunori.


L'inspecteur Sengoku croit que la lettre lui a été adressée par Sachiho.


Jun croit que la lettre lui a été adressée par l'inspecteur Sengoku.


Izumi croit que la lettre lui a été adressée par Jun. (Gulps!)


Shirô croit que la lettre lui a été adressée par Izumi.


Ayumi croit que la lettre lui a été adressée par Shirô …


… Et elle n'apprécie pas!


N'est-il pas contradictoire qu'une lettre d'amour déclenche une guerre?


La série ayant été tournée en plein hiver, il y a de nombreuses scènes où on peut voir de la vapeur sortir de la bouche des acteurs pendant qu'ils récitent leur texte.

Le ton général d'Otasuke Girl est celui d'une comédie policière dont chaque épisode confronte nos trois apprenties détectives à un mystère à élucider, avec son lot de gags et de twists bien amenés même si le spectateur n'a généralement pas trop de mal à les deviner. La série ne tombe cependant jamais dans la répétitivité et alterne entre plusieurs styles au cours de ses six épisodes: magie noire pour le 1, mélodrame pour le 2, chasse au trésor pour le 3, vaudeville pour le 4, parodie de film d'horreur à la sauce Scooby-Doo pour le 5.


J'ai manqué quelque chose?


Quelqu'un peut m'expliquer comment elles peuvent ne pas remarquer un type avec un couteau qui se trouve juste devant leurs yeux?


Que fait donc Jason si loin de Crystal Lake?


Finalement, il faisait beaucoup moins peur avec un masque.


Et ils s'en seraient tirés si ces gamines ne s'en étaient pas mêlées.

Le dernier épisode tranche cependant radicalement avec les précédents, délaissant totalement l'humour et la légéreté du reste de la série pour une ambiance sérieuse et même très sombre: nos héroïnes y enquêtent sur des disparitions d'enfants, un mystérieux personnage révèle les origines d'Otasuke Girl avant de prophétiser sa future défaite et celle-ci se retrouve dans le coma. Cet épisode abandonne également les adversaires manichéens plus bêtes que méchants au profit d'un ennemi considérablement plus fort qu'Otasuke Girl et surtout ambivalent. Il s'agit en effet d'un garçon dont elle a été amoureuse dans le passé (ou plutôt dans le futur, tous deux venant d'un avenir lointain) et il obéit à des motivations qui lui semblent justes. Malheureusement, si le scénario place la barre haut concernant les enjeux, la résolution n'est pas à la hauteur des attentes: quelques lignes de dialogue et le vrai-faux méchant change d'avis et s'en va après avoir tout ramené à la normale. Plutôt dommage car entre le changement radical de ton et une résolution trop facile, ce dernier épisode nous fait quitter la série sur une mauvaise impression.


Venu du futur, une figure du passé d'Otasuke Girl.


Le même après un coup de vieux.


Ce dessin n'augure rien de bon.


Une funeste prédiction concernant Otasuke Girl …


… Et qui semble bien partie pour se réaliser.

Mais à bien y regarder, ce dernier épisode ressemble à une métaphore du passage à l'âge adulte, nos héroïnes quittant le monde léger et manichéen de l'enfance (les épisodes précédents) pour celui sombre et complexe des adultes. Plusieurs éléments du scénario évoquent d'ailleurs ce thème: les disparitions d'enfants qui servent de point de départ à l'intrigue, le responsable qui apparaît sous deux apparences, celle d'un jeune homme et celle d'un vieillard, et la scène finale où les trois héroïnes discutent de ce qu'elles feront une fois adultes.


La minute glauque: un amateur de lycéennes vérifie qu'Ayumi ne le trompe pas sur la marchandise.


Oui, nous sommes des délinquantes juvéniles. Qu'est-ce qui nous a trahies?


Un tatouage comme celui-là, ce n'est jamais bon signe.

D'ailleurs, le club de détectives Yûyake ressemble plus à trois écolières jouant aux gendarmes et aux voleurs qu'à de vrais détectives privés (elles mènent leurs enquêtes en amateur, sans jamais être engagées ou payées par qui que ce soit). Quant à Riko / Otasuke Girl, elle évoque le fantasme de tous les enfants qui s'imaginent être des héros invincibles dans les aventures imaginaires qu'ils vivent dans leur tête (Ne niez pas, on l'a tous fait!). D'ailleurs, la toute première scène de la série est justement un rêve éveillé de Riko qui s'imagine en version féminine de Sherlock Holmes surnommée "Détective Miracle Riko", venant en aide à ses amies prisonnières de bandits (interprétés par leur entourage adulte, ne me demandez pas pourquoi). Autrement dit, cette scène imaginaire est identique à celle que l'on retrouve dans chaque épisode, quand Riko devient Otasuke Girl pour secourir ses camarades.


En garde!


En garde toi-même! (Oui, je sais, c'est beaucoup moins impressionnant)


Pan!

Et histoire d'en rajouter encore une couche, le générique de fin de chaque épisode est un montage de différentes scènes de celui-ci se terminant par un gros plan sur Otasuke Girl en costume … sauf le dernier qui se termine sur une image de l'héroïne en civil en compagnie de ses deux amies, comme une manière de dire au spectateur que Riko est grande maintenant et qu'elle a passé l'âge de rêver qu'elle est une superhéroïne. Bien sûr, il est très probable que je prête aux auteurs de la série des intentions qu'ils n'avaient pas (d'ailleurs, s'ils pouvaient me les rendre rapidement, j'en ai besoin) et que ce côté métaphorique ne soit absolument pas volontaire.


Le redoutable "gold crush" d'Ayumi.


Copieuse!


Tiens, voilà les carabiniers d'Offenbach.


Traitement de choc pour guérir un garnement de son obsession pour les petites culottes.

Otasuke Girl n'est certes pas dénué de défauts: une actrice principale qui, bien que jolie et sympathique, n'était pas le meilleur choix pour le rôle, un épisode final tranchant trop avec le reste de la série et ayant une résolution anti-climactique. Mais malgré ces quelques reproches, Otasuke Girl est une série méconnue qui mérite d'être découverte pour son humour et ses personnages sympathiquement nunuches. Dommage que les DVDs de cette série commencent à se faire rare. Et surtout, dommage qu'elle ne comporte que six épisode car le plus gros défaut qu'on puisse lui trouver, c'est d'être trop courte.


Ouin, c'est déjà terminé!



BILAN


Concept = 4 / 5
Avec son trio de lycéennes détectives dont l'une est en réalité la super-héroïne qui leur vient en aide quand elles sont en danger, Otasuke Girl a un côté "Fantômette au Japon" très sympa qui nous garantit des aventures funs et légères.



Scénario (Intrigue globale) = 1 / 5
Il n'y a pas d'intrigue fil rouge et les auteurs gèrent très mal l'exposition concernant le personnage titre. Déjà, sa première transformation n'ayant pas du tout été préparée (l'existence d'Otasuke Girl n'est même pas mentionnée avant alors que les dialogues indiquent que ce n'est pas sa première apparition), elle arrive comme un cheveu sur la soupe et nous donne l'étrange impression qu'on a manqué le pilote de la série. Ensuite, on ne sait rien de ses origines avant que le dernier épisode ne nous révèle qu'elle vient du futur, là-encore sans aucun élément pour nous préparer à cette révélation qui arrive elle-aussi comme un poil sur le potage et apporte finalement plus de questions que de réponses.



Scénario (Épisodes) = 3,8 / 5
Chaque épisode raconte une intrigue policière indépendante et bourrée d'humour (à l'exception du dernier) tout en ayant chacun un style différent (sorcellerie, romance adolescente tournant au mélodrame, chasse au trésor, vaudeville, vraie-fausse histoire de fantôme, science-fiction). (Voir la section épisodes pour plus de détails)



Héroïnes = 3,5 / 5
Riko / Otasuke Girl (3,5 / 5), Jun (3 / 5) et Ayumi (4 / 5) forment un trio sympathique et sont aussi funs qu'attachantes mais elles sont relativement peu développées, à part Ayumi qui est la seule à avoir droit à un épisode centré sur elle. C'est même assez gênant pour Otasuke Girl dont on n'apprend pas grand-chose sur les origines alors qu'elle est le personnage titre de la série!



Costume(s) = 5 / 5
Otasuke Girl bénéficie d'un superbe costume au design à la fois simple et élégant.



Arme(s) = 2,5 / 5
Si l'otasuke stick (4 / 5) est une arme multi-fonction efficace, les ohajiki blades (1 / 5) ont un aspect trop impersonnel alors qu'une forme plus spécifique ou même un simple logo leur aurait permis de se distinguer.



Morpheur(s) = 3 / 5
Respectant l'inspiration "magical girl" des henshin heroïnes, Otasuke Girl se transforme à l'aide d'une baguette magique qui devient ensuite son arme principale.



Séquence(s) de transformation = 1,5 / 5
On a droit au minimum syndical puisque la transformation proprement dite se déroule hors-champ et qu'on voit juste Riko prononcer son incantation avant d'enchaîner sur l'arrivée d'Otasuke Girl sur son trapèze. Une entrée en scène certes originale mais un peu kitsch avec son fond noir, son explosion de cœurs lumineux et la traînée d'étoiles qui suit l'héroïne.



Personnages réguliers = 4 / 5
L'entourage du club de détectives Yûyake est constitué de personnages funs et attachants, particulièrement bien exploités dans l'hilarant épisode de la fausse lettre d'amour.



Personnages secondaires = 4,2 / 5
La série nous offre des personnages secondaires savoureux et mémorables avec un trio de yakuzas plus bêtes que méchants, un garnement obsédé par les culottes qu'Otasuke Girl sauve de kidnappeurs avant de lui donner une bonne leçon et un fantôme qui aide furtivement les héroïnes contre leurs adversaires du jour.



Antagonistes = 2,3 / 5
La série pêche malheureusement beaucoup de ce côté là et la quasi-totalité des adversaires d'Otasuke Girl sont de banaux criminels incapables de lui opposer la moindre difficulté. Parmi eux, le chef yakuza Ikeno (1 / 5) et les kidnappeurs Sukeda et Tsunoda (1 / 5) manquent cruellement de personnalité, tandis que le couple machiavélique formé par Yôji et Miki (3 / 5) et les fabricants de drogue du 5eme épisode (3 / 5) ont plus de relief grâce à leur arnaque dont est victime une des héroïnes pour les premiers et à leur mise en scène fantomatique destinée à éloigner les curieux pour les seconds. Finalement, les deux seuls ennemis à être réellement de taille contre Otasuke Girl sont la sorcière Ryôko (2 / 5), hélas gâchée par sa personnalité caricaturale, et Ryû (3,8 / 5) qui est de loin le meilleur méchant de la série mais dont l'affrontement avec l'héroïne se concluera malheureusement de façon anticlimactique.



Casting = 2 / 5
Même si elle campe une Otasuke Girl adorable, le manque d'expérience d'actrice d'Atsumi Ishihara est malheureusement assez évident tant son jeu et ses répliques manquent de naturel, à la différence de Kaoru Kurasawa (Jun) et Rina Akiyama (Ayumi), nettement plus à l'aise devant la caméra.



Combats = 2 / 5
Les affrontements ont un côté slapstick flirtant parfois avec le cartoonesque qui les rend funs à regarder mais là encore, le manque d'expérience de l'interprète d'Otasuke Girl saute au yeux tant elle est raide dans les scènes de combat. Misato Okano, qui joue le rôle d'Izumi, relève cependant le niveau et le combat l'opposant à Otasuke Girl dans le premier épisode est le plus spectaculaire de la série.



Effets spéciaux = 1 / 5
Assez curieusement pour une production de Tsuburaya qui est justement célèbre pour le soin apporté aux effets spéciaux de ses séries, ils sont pratiquement absents dans Otasuke Girl, en dehors de la séquence de transformation dont on ne peut pas dire qu'elle a dû faire exploser leur budget.



Musique = 4 / 5
大門 一也 (Daimon Kazuya) signe des musiques d'ambiance très réussies et qui restent bien en tête.



Générique(s) = 3,8 / 5
On est gâtés avec deux très bonnes chansons de I-chips: Help ! オタスケガール !! (Help ! Otasuke Girl !!) pour le générique de fin illustré par des extraits de l'épisode, et 自立 進行形 (Jiritsu shinkôkei) = Indépendance progressive pour celui de début qui prend la forme d'un dessin animé fort joli mais hélas trompeur, puisque Otasuke Girl y affronte des ennemis hauts en couleurs menés par un clown masqué aussi mystérieux que menaçant alors qu'aucun d'entre eux n'apparaîtra dans la série.




NOTE FINALE = 11,9 / 20



Toku-Actrice(s) :