Année :
2002
Genre : Sentai hentai en version pas hentai.
Durée: 1 h 00

Avec:
Tooru Muranishi
(Amun)
Satomi Hayashi
(Rie / Paty Red)
Nanami Nanase
(Rina / Paty Yellow)
Megumi Asai
(Rino / Paty White)
Ruri Anno
(Riko / Paty Pink)
Nami Hanada
(doublure de Paty White)




Il y a deux sortes de super-héros au japon: ceux qui sont produits par des majors comme Toei (Sentai, Kamen Rider), Toho (Guyferd, Gransazer) ou autres (Ultraman, les versions live de Sailor Moon et Cutie Honey), et ceux qui sont produits par les petits studios avec des budgets dérisoires. Dans ce dernier cas, le résultat ressemble le plus souvent à un métrage amateur tourné par une bande de potes, façon "France Five". Mais il peut arriver que le studio ait suffisamment de moyens pour rivaliser avec les productions fortunées, ce qui ne fait qu'accentuer la kitscherie de certains éléments. Et quand le résultat baigne dans un total second degré, difficile de savoir à quel point cette kitscherie n'est pas volontaire. "Renshin Joshi Sentai - Paties" en est un bon exemple.


Ne cherchez pas dans vos dictionnaires franco-japonais: le mot "renshin" n'existe pas. Il s'agit en fait d'un jeu de mot sur "henshin" (transformation) dont le premier kanji (pictogramme japonais), "hen" (changement) est remplacé par un kanji similaire qui se prononce parfois "ren" (amour). Le kanji "shin" signifiant "corps", "renshin" équivaudrait donc à l'expression "corps de rêve" et "Renshin Joshi Sentai" pourrait se traduire par "L'Escadron des Filles aux Corps de Rêve".


Bioman n'a qu'à bien se tenir ... les côtes !


Vues comme ça, on dirait plutôt les Daltons.

La séquence prégénérique nous apprend que Paty, l'héroïne du précédent volet (car il y a eu une préquelle), est morte au champ d'honneur. Inconsolable pendant environ 20 secondes, son créateur, Amun, décide de lui créer non pas une mais quatre remplaçantes fort logiquement nommées "Paties". Déjà, Amun est à lui seul tout un programme: imaginez un croisement entre un Inca de "Tintin Et Le Temple Du Soleil" pour le look et de Zaza Napoli de "La Cage Aux Folles" pour le jeu d'acteur!


Ah oui, quand même !

On ne se sent donc pas très rassuré à l'idée que le sort de notre planète repose entre les mains d'un type pareil, et c'est encore pire quand on voit les Paties: écervelées, gaffeuses et maladroites, elles sont à Bioman ce que les Totally Spies sont à James Bond.


Rie / Paty Red, serveuse dans un restaurant chinois
qui prend les braqueurs pour des clients.


Arme : koiken (épée-amour)


Rina / Paty Yellow, déménageuse boulimique
qui mange des bananes en cachette, même pendant les combats.
(Notez la femme jouée par un homme juste à côté)


Arme : Yume Baton (baton-rêve)


Rino / Paty White, barmaid alcolique
qui conduit ses consommateurs au coma éthylique.


Arme : Ai no Muchi (fouet de l'amour)


Riko / Paty Pink, masseuse fleur bleue et ingénue
(encore plus que les trois autres, c'est dire!).


L'homme de ses rêves.


Heu ...


Laisse tomber!


Transformation!

Quand elles ne travaillent pas (ou plutôt: quand elles ne se font pas virer), elles combattent Magus et Bethy, un couple d'envahisseurs extra-terrestres qui partagent avec Amun une forte tendance au cabotinage et un goût douteux en matière de garde-robe. D'ailleurs, leurs soldats ne sont pas mieux lotis: leurs tenues se résument à un collant noir agrémenté d'un slip blanc, d'un masque de soudeur, d'écouteurs et d'une casquette!


Magus, dit "Le Roi De L'Espace".


Sa chère et tendre Bethy, dite "La Dokusai De L'Espace"
("Dokusai" signifie normalement "dictature" mais il est ici écrit
avec les kanjis "poison" et "épouse", tout un programme!)


Ils ont un truc pour avoir l'air bien habillés:
il suffit que leurs soldats s'habillent encore plus mal!
(notez le boucle de ceinture qui fait à peine symbole phallique)


Leur QG: un étron volant! (désolé, je ne voit pas d'autre mot pour décrire CA!)


Exclusif: les premières images du remake français d'Independance Day !

Disons le tout de suite, il n'y a pas vraiment de scénario (à la rigueur, il y a les peines de coeur de Riko en fil rouge), mais plutôt une succession de sketchs (les Paties travaillent, les Paties font du camping, les Paties se font draguer, les Paties dans un "host club", etc.), le tout baignant dans un humour "tarte à la crème" à la Benny Hill qui ne plaira pas à tout le monde.


Gag!


Re-gag!


Les Paties se retrouvent à la rue après avoir
dilapidé leurs économies lors d'une soirée en boîte.

Un peu ennuyeux, donc, mais ceux qui ont la patience d'attendre seront largement récompensés par le dernier quart-d'heure qui parodie les séries de sentai. En effet, quand les Paties affrontent un monstre (Kaijiking) et que ce dernier se transforme en géant, on s'attend à ce que les héroïnes fassent appel à leur robot géant pour continuer le combat. Et on n'est pas déçus: le robot en question, Giant Host, vétu d'un smoking en métal, débarque au volant d'une Mercedes à son échelle et la première chose qu'il fait en arrivant est de s'allumer un cigare!


C'est n'importe quoi, donc c'est génial!

Attendez, c'est pas fini! Là-dessus, arrive Magus qui fait apparaître un gigantesque ring au milieu de la ville et Giant Host va affronter Magus et Kaijiking dans le plus pur style "Superstars Du Catch"! Il ne manque même pas le commentateur sportif!


Voir commentaire précédent.


Le nom dit tout: l'attaque finale de Giant Host s'appelle
"Hissatsu (final) Super-Ultra-Giant-King-Great-Brilliant Attack"!


Quel frimeur, ce Giant Host!

Visuellement, le film est assez bigarré. Tantôt d'une qualité égale aux séries télévisées tokusatsus de l'époque, tantôt incroyablement cheap. Pour des maquettes de ville et des incrustations quasi-irréprochables, on a droit à des fonds numériques hideux pour les QG d'Amun et de Magus ou le poste de pilotage de Giant Host; et si les monstres sont aussi réussis (ou aussi ratés, selon que vous soyiez ou non fans du genre) que ceux des séries de sentai, les autres personnages rivalisent de mauvais goût dans leurs tenues. A la rigueur, les Paties et Giant Host parviennent à un juste équilibre entre kitsch et esthétique au niveau de leur look.


Mais si, elle est très bien, ta déco, ma chérie. C'est juste que...


Te plains pas trop, Magus: regarde la notre!

Pour finir, signalons qu'il existe deux versions du film (aparemment vendues parfois ensemble): la "normal version" chroniquée ici et une "adult version" nettement moins fun (la quasi-totalité des gags est retirée du montage), se terminant mal et surtout, enrichie en séquences pornographiques. Pas étonnant quand on sait que Soft On Demand, le studio qui a produit le film, est surtout connu pour ses DVDs hentais. Détail savoureux: deux des quatre héroïnes conservent leurs casques lors des séquences olé-olé, ce qui suggére que leurs interprètes sont doublées. (Heu... C'est pas ce que vous croyez: j'ai acheté juste pour pouvoir comparer, hein!)


Les "hentaijus" (litt: "monstres pervers") Mabufrog II et Kaijiking.


Nananananère-heu! C'est nous qu'on a ton morpher-heu!


La fifille!

"Paties" est donc un film inégal mais dont la partie "parodie de sentai" justifie à elle seule la vision, nous rappellant que les Japonais sont les maîtres du portnawak assumé, même si on regrettera qu'un tel niveau de folie ne soit pas maintenu constant pendant tout le film, comme y parviennent d'autres fleurons du genre comme Bodycon Cop, Battle Cats ou Kekkô Kamen 3. On regrettera aussi que ce genre de films ne bénéficie pas d'une distribution hexagonale, même si on imagine bien le désarroi des distributeurs éventuels confrontés à cette inévitable question: mais QUI achéterait CA!? En attendant, bon courage pour vous procurer le DVD car il est totalement épuisé et si on peut encore en trouver d'occasion sur Amazon (à condition de passer par un intermédiaire comme Celga), les vendeurs précisent rarement s'il s'agit de la version "normal", "adult" ou des deux à la fois. (Peu de risques de les confondre après réception, toutefois, puisque l'une des jaquettes montre les héroïnes en costume et l'autre sans costume)


Les Paties ont même eu droit à des figurines à leur effigie.
Bon, d'accord: c'était la même avec des couleurs différentes.

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