Année : 2009
Pays : France
Catégorie(s) : Comédie, Science-Fiction
Genre : Voilà ce qui va se passer.
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LA SÉRIE


"Si j'avais su ..." Qui ne s'est jamais dit ça en constatant les tristes conséquences de ce qui lui avait semblé une bonne idée sur le moment? Et qui n'a pas alors regretté de ne pas posséder une machine temporelle pour pouvoir remonter le temps et se prévenir lui-même que non, décidément, ce n'était pas une bonne idée du tout? Malheureusement, non seulement ces machines n'existent pas, mais en plus, recevoir régulièrement la visite d'un voyageur temporel qui nous dit tout le temps "fais pas ci, fais pas ça" devient vite éprouvant pour les nerfs. Demandez donc à Raph.


Oui, demandez-lui, sinon voilà ce qui va se passer ...

Raph n'a pas une vie facile. Non seulement il est timide et loser, mais en plus, il est persécuté par un homme venu du futur qui fait régulièrement irruption dans sa vie pour le mettre en garde contre les conséquences le plus souvent apocalyptiques que les actions banales qu'il s'apprête à accomplir auront dans un lointain avenir, détaillant à chaque fois la relation surréaliste de cause à effet précédée de sa réplique fétiche:


"Voilà ce qui va se passer!"


Raph apprend ainsi comment, en lançant une canette dans une poubelle et en la ratant, il sera responsable de la future destruction de Paris.


Ou comment son futur enfant causera indirectement la création de la première dictature anarchiste.


Mais où tu vas comme ça? On dirait que tu cherches à m'éviter.

Les allers et venues temporelles du Visiteur et surtout l'intérêt qu'il semble porter à Raph finissent par attirer l'attention d'une police chargée d'empêcher qu'on modifie le cours de l'histoire, la Brigade Temporelle, qui envoie deux de ses agents pour surveiller le jeune homme afin de découvrir le véritable but du Visiteur.


Brigade Temporelle, à votre service.


Méfiez-vous de cette espionne ...


Elle a les moyens de vous faire parler!


D'ailleurs, je crois qu'il lui en veut encore un peu.

La situation de Raph étant déjà invivable avec un seul casse-pied temporel, je vous laisse imaginer ce que cela donne avec deux de plus. Et c'est encore pire quand il découvre qu'il est destiné à créer la Brigade Temporelle et que le véritable but du Visiteur est de l'en empêcher afin d'être enfin libre de faire en sorte que son futur post-apocalyptique ne soit plus ce qu'il était.


Raph est-il prêt à s'allier à la Brigade pour se débarrasser du Visiteur?


Le Visiteur est-il prêt à tuer Raph pour l'empêcher de créer la Brigade?

Et chacun des deux camps est prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut de Raph, avec d'un côté, la Brigade qui charge un de ses agents de le surveiller 24/7 ...


La sécurité de Raph est confiée à l'agent le plus incompétent de la Brigade Temporelle: tout va bien!


On ne fait pas trop Yaoi, au moins?


Il a l'accent toulousain, mais il se soigne.


Au secours! Un vilain bonhomme m'enlève!


Minute! Avant d'intervenir, il faut que je sois certain que ce n'est pas un événement historique.

... et de l'autre, le Visiteur qui l'enlève pour le mettre "en sécurité" dans son futur.


Le futur du Visiteur: une époque tout à fait charmante et accueillante ... à condition d'éviter les radiations, les zombies et les nécrophiles, évidemment.


Tiens? Sadako s'est trompée de plateau de tournage, on dirait.

Au passage, le Visiteur n'est pas seul contre la Brigade Temporelle puisqu'il est secondé par deux assistants. Le premier est Henry Castafolte, un savant humaniste qui est en réalité un modèle de robot qu'un scientifique a créé à son image mais qui, à cause d'un défaut de programmation, est persuadé d'être l'original au point de tomber en panne à chaque fois qu'il découvre sa vraie nature.


Ce qui lui arrive notamment quand il remarque le code barre sur son avant-bras.


Et il faut le rebooter à chaque fois.


Histoire de compliquer la situation, un autre modèle travaille pour la Brigade.

Et le deuxième est ... lui-même! Où plutôt, son double venu de son propre futur. Seul problème: avec le temps, il est devenu égoïste et vénal et sa loyauté varie en fonction de la personne qui lui donne le plus de clopes.


On reconnaît le double à sa clope au bec et à son visage encore plus amoché que celui de l'original.


Le double succombe à un paradoxe temporel.


C'est vrai que c'est toujours chiant, les paradoxes temporels!

Vous avez peut-être remarqué que depuis le début, je n'appelle pratiquement aucun des personnages par son nom mais ce n'est pas moi qui ai commencé. En effet, dans cette première saison, Henry Castafolte est le seul dont on connaisse le nom complet (un comble puisque c'est aussi le seul à ne pas être humain) et les seuls autres à être nommés sont Raph (sans qu'on sache si c'est son prénom, son nom de famille ou un surnom) et Stella (son love interest qui n'apparaît que dans un épisode après avoir été mentionnée dans la conversation à deux reprises). Pour tous les autres personnages récurrents (à l'exception du Visiteur dont le mystère autour du nom sera un running gag de la série), il faudra attendre la saison suivante pour savoir comment ils s'appellent.


Tiens, c'est vrai, ça: comment on s'appelle, nous, au fait?

Il faut dire aussi qu'au départ, Le Visiteur du Futur n'avait pas été pensé comme un feuilleton, mais comme une série de sketchs indépendants qui auraient tous fonctionné sur le même schéma : Raph s'apprête à faire une action anodine et le Visiteur débarque aussitôt pour lui expliquer comment son action provoquera une catastrophe dans un lointain avenir.


Allo? J'appelle pour auditionner pour le rôle de Son Goku.

Une formule qui serait probablement devenue vite lassante, mais à partir de l'introduction de la Brigade Temporelle dans l'épisode 5, la série met progressivement en place une intrigue complexe débouchant sur un final riche en révélations et en rebondissements qui joue habilement avec les paradoxes et boucles temporelles pour expliquer comment Raph est censé permettre ou empêcher la création de la Brigade Temporelle. Et il convient de saluer le talent d'écriture du scénariste François Descraques qui est parvenu à donner une cohérence magistrale à une histoire inventée au fur et à mesure, se montrant ainsi aussi doué pour l'improvisation que son volubile héros. Pour citer Andreas: "L'important, ce n'est pas de tout prévoir, c'est de ne rien oublier."


La Brigade Temporelle approuve cette remarque!


Et la team Visiteur aussi!

Et si Le Visiteur du Futur a débuté en 2009 comme une web-série fauchée diffusée sur Dailymotion, ses qualités d'écriture, ses dialogues ciselés, ses running gags et le cabotinage savoureux de Florent Dorin dans le rôle de ce moulin à paroles de Visiteur en ont rapidement fait une série culte qui se retrouvera sur la chaîne Nolife dès l'année suivante, ouvrant la voie à trois autres saisons qui bénéficieront de moyens croissants et même de certaines guest-stars de choix, mais nous les étudierons en tant voulu. Un sacré parcours pour une série qui, en l'espace d'une seule saison, est passée d'une suite de sketchs indépendants écrits au fur et à mesure à un feuilleton culte promis à un brillant avenir!


Pour faire connaître notre série, il n'y a pas 36 moyens: il faut qu'on fasse le buzz!


Et tu crois vraiment qu'on va faire le buzz avec ça?


Mais oui, fais-moi confiance.


Et le buzz il fit.



BILAN


Concept = 3,5 / 5
A partir du thème ultra-classique du voyageur temporel tentant d'empêcher certains événements du passé pour éviter un futur post-apocalyptique, la série innove dans un premier temps avec les relations surréalistes de cause à effet entre l'événement déclencheur et la catastrophe qu'il est censé provoquer, puis par une intrigue de plus en plus surprenante et élaborée.



Scénario (Intrigue globale) = 5 / 5
Un brillant scénario qui jongle habillement avec les paradoxes et les boucles temporelles et réussit le tour de force d'être parfaitement cohérent tout en étant écrit au fur et à mesure.



Scénario (Épisodes) = 4 / 5
Les premiers épisodes, durant lesquels la série se cherche, peuvent sembler un peu répétitifs mais ensuite, c'est un sans faute. (Voir la section épisodes pour plus de détails.)



Humour = 5 / 5
Parfois (mais pas trop souvent) scato, il repose sur les élucubrations du Visiteur, les personnalités déjantées des personnages, quelques running gags et des dialogues savoureux.



Personnages principaux = 5 / 5
Savoureusement déjantés avec des personnalités bien définies.



Antagonistes = 5 / 5
Les membres de la Brigade Temporelle sont des antagonistes logiques et ambivalents. S'ils s'opposent idéologiquement au Visiteur, aucun n'est foncièrement mauvais et leurs intentions sont bonnes (empêcher les crimes utilisant le voyage dans le temps et par extension, toute modification, même positive, de l'histoire). C'est juste que pour eux, la fin justifie les moyens (un aphorisme qui est d'ailleurs également valable pour le Visiteur), y compris les plus extrêmes.



Autres personnages = 1,5 / 5
Stella (1 / 5), Tim et Léo (2 / 5) sont réduits à des personnages fonctions très peu présents. Les deux derniers sont cependant sauvés par les révélations surprenantes des deux derniers épisodes qui leur font jouer un rôle clé dans l'intrigue, tandis que la première sera beaucoup plus développée dans les saison suivantes.



Casting = 5 / 5
Tous les comédiens sont parfaits et leurs prestations sont d'autant plus dignes d'éloges que certains jouent plusieurs personnages: le Visiteur et son double (ainsi que son "aïeul"), les différents modèles d'Henry Castafolte ou l'espionne de la Brigade Temporelle que son métier oblige à adopter différentes identités et personnalités.



Effets spéciaux = 2 / 5
Web-série à très petit budget oblige, le système D est de rigueur pour les effets spéciaux, machines, costumes, maquillages et décors mais le résultat est tout à fait correct, sans compter que le côté cheap et bricolé de certains éléments est parfaitement cohérent avec le futur post-apocalyptique d'où vient le Visiteur.



Génériques = 3 / 5
Il n'y a pas de générique de début tandis que celui de fin montre des images d'archives d'essais nucléaires évoquant une possible cause au futur post-apocalyptique du Visiteur, en décalage total avec la musique joyeuse de Six O'clock des Lovely Rita. À noter que la chanson de fin a été changée pour des questions de droits sur l'édition DVD et qu'il s'agissait à l'origine du tout aussi jovial It' s the end of the world as we know it de R.E.M., auquel les dialogues de la série, et même le titre du dernier épisode, font d'ailleurs souvent référence. Chaque générique se termine par une prise ratée de l'épisode. (2 / 5)


Accompagné de Better Days des Lovely Rita, le générique de fin de saison est plus élaboré et fait apparaître les personnages de la série sous forme de dessins restituant très bien leurs différentes personnalités. (4 / 5)




NOTE FINALE = 15,6 / 20