Année : 2012
Pays : USA
Catégorie(s) : Arrowverse, Aventure, Policier, Super-héros.
Genre : Arrowverse begins.

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LA SÉRIE


Décidément, DC et Marvel ne peuvent s'empêcher de toujours faire le contraire l'un de l'autre! Là où Marvel a su imposer son univers au cinéma avec le MCU mais peine à reproduire la recette sur petit écran, la tentative de DC de créer son propre univers partagé cinématographique a engendré un DCEU inégal auquel la plupart de leurs productions actuelles s'efforcent de tourner le dos, alors qu'ils ont parfaitement réussi l'opération à la télévision avec un Arrowverse dont le succès ne s'est toujours pas démenti. Et pourtant, au départ, ça semblait très mal parti car, de même que le MCU avait débuté avec Iron Man qui était pourtant loin d'être le personnage le plus vendeur de Marvel (Il faut dire que les droits des poids lourds que sont Spider-Man, les X-Men et les Fantastic Four étaient détenus par d'autres studios), l'Arrowverse a, comme son nom l'indique, été lancé avec une adaptation de Green Arrow qui est un troisième couteau de l'univers DC.


Misons tout sur le vert!

Un choix qui pourrait sembler bizarre mais qui fait sens quand on se replace dans le contexte de l'époque. Nous sommes en effet en 2012 et Christopher Nolan vient tout juste de boucler une trilogie à succès où il transposait l'univers de Batman dans un contexte réaliste. DC souhaitait donc utiliser la même formule dans une série TV mais avec un autre de leurs super-héros, à la fois pour éviter le double-emploi et parce qu'ils auraient plus de liberté avec un personnage mineur peu connu du public qu'avec Batman dont les fans auraient hurlé à la trahison si les batarangs n'avaient pas les dimensions réglementaires.


Tandis qu'avec Green Arrow, il suffit que les flèches soient de la bonne couleur.


Et encore, les fans seraient capable de râler parce que ce n'est pas la bonne nuance!

D'accord, mais pourquoi choisir Green Arrow, me demandez-vous? Hé bien, déjà parce que le personnage était auparavant apparu dans Smallville, ce qui lui garantissait une certaine notoriété auprès des spectateurs; mais surtout parce qu'il est le super-héros DC qui se prête le plus à faire du Batman sans Batman étant donné qu'il a été dès le départ créé comme un Batman avec des flèches en costume de Robin des Bois: comme Bruce Wayne, Oliver Queen est un riche playboy disposant d'une base secrète (L'Arrow-Cave), d'un véhicule spécial (l'Arrowcar), d'un signal (l'Arrow-Signal) et d'un jeune partenaire (Roy Harper, alias Speedy).


Et si, en plus, il se met à dormir comme les chauves-souris ...

À ses débuts dans More Fun Comics 73 en 1941, il ne possédait même pas d'origine et il faudra attendre un récit signé du grand Jack Kirby (Adventure Comics 256 de janvier 1959) pour apprendre que sa maîtrise du tir à l'arc lui vient d'une époque où il s'était retrouvé naufragé sur une île déserte et avait dû apprendre à chasser avec un arc et des flèches bricolés avec les moyens du bord pour survivre. Cette histoire inspirera en 2007 la mini-série Green Arrow : Year One qui développera plus en détail son séjour mouvementé sur l'île avec des desins de Jock et un scénario d'Andy Diggle.


Diggle? Comme John Diggle, le garde du corps d'Oliver dans la série? Probablement une coïncidence!


Une référence à la première apparition du personnage dans les comics? Où ça?

Entre les deux, trois auteurs allaient grandement contribuer à l'identité et à la popularité de l'archer d'émeraude. Les deux premiers sont Dennis O'Neil et Neal Adams (Auxquels on doit également le renouveau de Batman dans les années 70. Décidément ...) qui allaient en faire le partenaire de Green Lantern dans une saga les confrontant à des problèmes tels que le racisme, l'écologie, la drogue ou la corruption. Ça n'a l'air de rien aujourd'hui, mais aborder ce genre de sujets de société dans des histoires de super-héros était révolutionnaire à l'époque et même si leur ambiance 70s très marquée fait qu'ils ont un peu vieilli, ces récits compilés en intégrale par Urban Comics n'en sont pas moins des classiques qui influenceront durablement l'industrie et, de façon finalement normale pour un personnage dont la deuxième inspiration était Robin des Bois, positionneront Green Arrow comme le super-héros de gauche par excellence.


C'est vrai qu'il fait un peu hippie.

Le troisième est Mike Grell qui allait redéfinir le personnage en 1987 avec la mini-série Green Arrow: The Longbow Hunters. Sa mini allait d'ailleurs remporter un tel succès qu'on lui confiera la première série solo régulière sur le personnage à qui il apportera une orientation plus dark et terre à terre.


Ainsi qu'un nouveau costume à capuche qui servira de base à celui de la version live.

Maintenant que vous êtes un peu plus familier avec le personnage dans les comics, passons à sa version télévisuelle dont les aventures débutent alors que des pêcheurs chinois découvrent sur l'île de Lian Yu un naufragé hirsute qui n'est autre qu'Oliver Queen, un riche playboy que tout le monde croyait mort dans le naufrage du Queen's Gambit 5 ans plus tôt. À son retour dans sa ville de Starling City, le Robinson moderne découvre que les choses ont bien changé en son absence: son père Robert, PDG de Queen Consolidated, étant décédé lors du naufrage, sa mère Moira s'est remariée avec Walter Steele, le directeur financier de la compagnie; sa sœur Thea, dite Speedy, est devenue une ado rebelle et fêtarde qui ne dédaigne pas tâter des substances illicites à l'occasion; son meilleur ami Tommy Merlyn et sa girlfriend Laurel Lance, devenue entre-temps avocate, sont désormais en couple; et le père d'icelle, l'inspecteur Quentin Lance, qui ne le portait déjà pas dans son cœur, le hait encore plus car il le rend responsable de la mort de son autre fille, Sara, avec qui il trompait sans vergogne Laurel et qui se trouvait avec lui sur le bateau.


Au moins, quand il trompe sa copine, il reste dans la famille.


Et puisqu'on parle de famille, voici la sienne.

Mais Oliver aussi a beaucoup changé. Physiquement, déjà, puisque ses cinq années d'exil lui ont sculpté un corps d'athlète arborant une collection de fractures, de brûlures, de cicatrices et de tatouages.


Comme quoi, les îles désertes, c'est bon pour la forme.


Oliver est désormais capable d'accomplir diverses prouesses physiques, que son interprète Stephen Amell exécute lui-même.

Et même s'il s'efforce de faire croire à son entourage qu'il est toujours le même connard égoïste et irresponsable, les événements l'ont aussi beaucoup changé psychologiquement. Il faut dire qu'il ne donne du naufrage et de son séjour sur Lian Yu qu'une version très expurgée et que, s'il a effectivement vu Sara être entraînée par les eaux, il n'était pas le seul survivant puisque son père et un membre d'équipage avaient également survécu. Malheureusement, quand les vivres commencèrent à s'épuiser après plusieurs jours de dérive dans leur canot de sauvetage, Robert Queen n'eut pas d'autre choix que d'abattre le troisième survivant, avant de se suicider en demandant à son fils de survivre pour réparer ses fautes. Fautes au sujet desquelles la seule piste que possède Oliver est un carnet contenant une liste de noms trouvé sur son cadavre.


On va devoir tirer à la courte-paille pour savoir qui, qui, qui sera mangé.


La courte-paille, c'est démodé. Jouons plutôt ça à la roulette russe.

Ces noms étant ceux de criminels en col blanc ayant fait fructifier leur fortune aux dépends des habitants des quartiers pauvres des Glades, Oliver se mue en un Robin des Bois moderne, utilisant sa maîtrise du tir à l'arc acquise sur l'île pour les intimider et les obliger à confesser leurs crimes et/ou à restituer l'argent détourné à leurs victimes, utilisant à chaque fois la catchphrase "You have failed this city! (Vous avez failli à cette ville!)". On retrouve donc le côté justicier social des comics originels à travers ses premiers adversaires qui sont le plus souvent des hommes d'affaires corrompus ou leurs victimes devenus des criminels par dépit ou par vengeance (Employés licenciés reconvertis en pilleurs de banques, pompier défiguré dans l'incendie d'un bâtiment qui n'était pas aux normes), mais aussi d'autres justiciers dont les méthodes extrémistes l'amènent à reconsidérer les siennes. Il faut dire qu'Oliver n'est pas un enfant de chœur et n'hésite pas à tuer ou blesser gravement les hommes de main de ses ennemis. Ce dernier point avait d'ailleurs fait tiquer certains fans qui avaient visiblement oublié que dans les comics aussi (et surtout durant la période Grell), Oliver n'a pas toujours eu des scrupules à tuer ses adversaires.


Deadshot a l'arme à l'œil.


Heu ... C'est l'angle de vue qui porte à confusion ou il a tué ce sbire d'une flèche dans le ...

Quoi qu'il en soit, ses méthodes attirent l'attention de la police qui cherche à appréhender celui que les médias surnomment The Vigilante (Le Justicier) ou The Hood (La Capuche). Car dans un soucis de réalisme louchant sur la trilogie Nolan, Oliver Queen n'est jamais appelé Green Arrow dans la série qui lance même parfois quelques petites piques contre le matériau d'origine, que ce soit quand Oliver juge le nom de Green Arrow ridicule lorsque quelqu'un propose de rebaptiser le justicier ainsi, ou quand Laurel se plaint des bas résilles qu'elle avait portés pour Halloween (Dans les comics, elle est une super-héroïne dont le costume est célèbre pour ses bas résilles).


Il va falloir trouver un nom plus court.


L'inspecteur Lance l'aura, un jour. Il l'aura.

D'abord seul dans sa croisade, Oliver recrute rapidement deux partenaires pour l'assister, mais aussi lui servir de conscience en l'encourageant à adoucir ses méthodes et à dévier parfois de sa sacro-sainte liste pour s'occuper d'autres affaires criminelles. Le premier est John Diggle, un ancien soldat reconverti en garde du corps qui revêt parfois le costume de The Hood pour lui assurer un alibi.


Un justicier en capuche ...


... peut en cacher un autre.

La deuxième est Felicity Smoak, une informaticienne doublée d'un moulin à paroles employée par Queen Consolidated et qui deviendra rapidement un des personnages les plus populaires de la série.


Aucun ordi ne lui résiste.


D'accord, les deux sont confrontées à des virus, mais il ne faudrait pas confondre informaticienne et infirmière!


Ça, c'est sa façon de demander à son employeur si elle est virée.

Mais à mesure qu'il progresse dans la mission qu'il s'est fixée, Oliver découvre qu'elle est bien plus complexe que la simple punition de criminels en col blanc et que les personnes citées dans son carnet sont mêlées à l'Undertaking, un mystérieux complot concernant les Glades auquel participait son père, dans lequel sa mère est également impliquée et dont le maître d'œuvre n'est autre que le père de son meilleur ami, Malcolm Merlyn, un riche homme d'affaires qui revêt à l'occasion l'identité du Dark Archer pour éliminer ceux qui pourraient contrecarrer ses plans. Car pourquoi ne pas aussi piocher ses idées chez la concurrence en s'inspirant de la relation entre Spider-Man et le Green Goblin (Bouffon Vert en VF)?


Malcolm Merlyn reçoit le prix de l'humanitaire de l'année. Ô, ironie!


Le même dans son cosplay d'Assassin's Creed.


Après avoir découvert son implication dans l'Undertaking, Oliver serait-il prêt à attaquer sa propre mère?

Vous l'avez peut-être remarqué en lisant cet article, cette première saison est un festival de références qui tease l'apparition de futurs justiciers ou criminels masqués. Ainsi, quand le nom de Merlyn est mentionné pour la première fois dans l'épisode 1, les fans des comics d'origine savent déjà qu'il s'agit d'un ennemi régulier de Green Arrow (Et les scénaristes joueront astucieusement sur leurs attentes en ne révélant l'existence du père de Tommy que dans l'épisode 7). De même, ils soupçonnent que Laurel Lance pourrait devenir sa partenaire/girlfriend sous le nom de Black Canary, tandis que Roy Harper, un délinquant des Glades dont s'entiche Thea, pourrait lui-aussi devenir son partenaire sous les identités successives de Speedy, d'Arsenal et de Red Arrow.


Une photo de Sara Lance enfant avec un canari noir. Foreshadowing?


Roy Harper avec une capuche rouge. Foreshadowing?

Mais il n'y a pas que l'univers de Green Arrow qui est référencé et on trouve aussi des clins d'œil au reste de l'univers DC avec des mentions de Ted Kord (L'identité secrète de Blue Beetle), de la compagnie d'aviation Ferris (L'employeur de Green Lantern) ou de pays et villes fictifs (Markovie, Blüdhaven, Central City ...). Et les auteurs ayant travaillé sur les aventures de l'archer d'émeraude ne sont pas oubliés, puisque certains personnages ou rues reprennent leurs noms (John Diggle pour Andy Diggle, Emily Nocenti pour Ann Nocenti, le juge Grell pour Mike Grell, etc.).


Spoiler: non seulement la mère de Laurel habite la même ville que Barry Allen alias Flash ...


... mais elle case son nom dans la conversation.


Curieusement, la ville ou opère Oliver, appelée Star City dans les comics, est rebaptisée Starling City.

Mais il y a aussi des cas où ce fanservice se limite à du namedropping. Brion Markov alias Geo-Force est un super-héros qui contrôle la terre? Un sismologue du même nom se fait occire par Dark Archer au début d'un épisode. Un des ennemis de Green Arrow est le Comte Vertigo, un noble d'Europe de l'Est capable de perturber le sens de l'équilibre chez ses ennemis? The Hood affronte The Count (Le Comte), un sous-Joker inondant les Glades avec une drogue de sa fabrication appelée Vertigo.


Ben quoi? C'est un déséquilibré et l'original déséquilibre ses adversaires, donc c'est fidèle!


Son état ne s'arrangera pas après qu'Oliver lui a fait tester son propre produit.


Et puisqu'on parle des super-vilains de la série, Kelly Hu avec une perruque blanche, ça compte comme du white washing?

Mais le cas le plus spectaculaire concerne Felicity Smoak. Dans les comics, il s'agit d'une femme d'affaires et de la belle-mère de Ronald Raymond alias Firestorm. Ici, les auteurs donnent son nom à une informaticienne qui n'était au départ prévue que pour un épisode où Oliver avait besoin d'aide pour récupérer des données sur un ordinateur endommagé. Cependant, le personnage allait devenir tellement populaire auprès des fans et des scénaristes qu'elle allait rapidement prendre de l'importance dans la série et même ... être intégrée aux aventures du Green Arrow de papier, supplantant ainsi la Felicity originale! Une sacrée promotion pour ce qui ne devait être au départ qu'un personnage secondaire!


Hmmm ... Je devrais peut-être me mettre au tir à l'arc moi-aussi?

Pour l'instant, je ne vous ai parlé que d'une seule des deux intrigues car Arrow a pour particularité d'être deux séries en une. En effet, les auteurs se sont dits que puisque l'origine de leur héros impliquait un trou de 5 ans dans son CV, pourquoi ne pas raconter en parallèle ses aventures dans le présent et dans le passé? Et là, il est évident qu'Arrow s'inspire de Lost mais en inversé, puisque les événements du présent s'y déroulaient sur l'île où les héros étaient naufragés tandis que les flashbacks racontaient leur passé dans le monde civilisé, alors qu'ici, c'est l'inverse.


Ah, mais c'est VRAIMENT l'île de Lost, en fait.


On en vient à se demander si cette référence est voulue ou non.

L'idée est de consacrer chaque saison à une des années d'exil d'Oliver, expliquant ainsi comment il est passé d'un connard irresponsable et égoïste à un justicier urbain au service des faibles et des pauvres, et dès les premiers épisodes, les auteurs introduisent une multitude d'éléments mystérieux qui seront autant de pistes à explorer dans cette saison et les quatre à venir: les tatouages d'Oliver, sa maîtrise du tir à l'arc, ses liens avec la maffia russe, le fait qu'il parle désormais couramment le Chinois et le Russe; il est même clairement suggéré qu'il n'a pas passé la totalité des cinq dernières années sur l'île.


Curieusement, personne dans son entourage ne se demande comment il a pu trouver un tatoueur sur une île déserte.

Évidemment, les flashbacks sur l'île de Lian Yu impliquent une certaine ironie dramatique puisque le spectateur se doute que les tentatives d'Oliver pour en partir sont vouées à l'échec et que les amis et ennemis qu'il y rencontre ne feront pas de vieux os.


Bon, ben, 'va falloir attendre le prochain vol.

Et dès sa première année sur place, le pauvre Oliver n'est pas ménagé puisqu'il est rapidement confronté à un groupe de mercenaires menés par Edward Fyers et son second masqué Deathstroke.


Sympa, l'accueil!


Lian Yu est certainement l'île déserte la plus peuplée du monde.


C'est pas avec des chambres d'hôtel pareilles qu'ils vont attirer les touristes!


Deathstroke et Fyers ont les moyens de le faire parler.

Toutefois, Oliver n'est pas complètement seul contre tous puisqu'il se fait deux alliés sur place ... sauf qu'il n'est même pas certain de pouvoir leur faire confiance! Le premier est Yao Fei Gulong, un archer émérite doublé d'un ancien militaire emprisonné sur l'île à l'époque où celle-ci était un pénitencier chinois et qui, selon les circonstances, peut aussi bien protéger notre héros contre Fyers que le livrer à ce dernier.


Un coup, Yao Fei et Fyers sont ennemis ...


... et un coup, ils sont potes.


Tout s'explique! Fyers retient sa fille Shado en otage pour s'assurer sa coopération.


Entre deux séances de yoga ...


... Shado enseigne le tir à l'arc à Oliver.


Ce qui permettra à ce dernier de lui sauver la vie plus tard.

Son deuxième allié est Slade Wilson, un membre de l'ASIS dont l'avion a été abattu alors qu'il survolait l'île. Et là, le fan de comics est doute car il sait que Slade Wilson est la véritable identité de Deathstroke. Du coup, même s'il prétend que le second de Fyers est en réalité son ancien partenaire qui l'a trahi, difficile de savoir s'il est un allié sincère ou s'il joue un double jeu pour piéger Oliver, d'autant plus que le spectateur ne connaît ni le visage, ni la voix de Deathstroke et que Slade possède un masque identique au sien dans ses bagages.


La première rencontre entre Slade et Oliver ne se présente pas sous les meilleurs auspices.


Il y a un Deathstroke de trop sur cette île!

D'ailleurs, pour la petite histoire, l'idée d'inclure le célèbre mercenaire borgne de l'univers DC vient du scénariste Geoff Johns qui, alors que les auteurs de la série cherchaient un élément mystérieux genre totem tribal à glisser dans la scène d'ouverture du premier épisode, avait suggéré de montrer son masque avec un œil percé d'une flèche.


Et voilà comment une simple suggestion donne naissance à un arc s'étendant sur les deux premières saisons.


Et non, je n'ai pas fait exprès d'employer le mot "arc".



BILAN


Concept = 4 / 5
Piochant son inspiration dans diverses périodes de Green Arrow (Ses origines vues par Kirby puis Diggle, le côté social de la période O'Neil-Adams, le justicier urbain sombre et violent de la période Grell) mais aussi dans Lost pour les flashbacks et dans les Batman de Nolan pour le côté justicier urbain réaliste, le tout assaisonné de multiples références à l'univers DC, cette première saison d'Arrow arrive à agencer ses différentes influences en un tout cohérent à défaut d'être original.



Scénario (Intrigue principale) = 4,5 / 5
S'inspirant de la narration en flashbacks de Lost, la première saison d'Arrow raconte deux intrigues parallèles à des époques différentes ayant chacune son propre style: mélange d'aventure et de survival pour celle dans le passé (4 / 5) et super-héros urbain pour celle dans le présent qui est la plus réussie et passionnante des deux (5 / 5). Au passage, si aux deux époques, le héros est confronté à une conspiration qu'il doit contrecarrer, il y a une certaine ironie dans le fait que l'Oliver maladroit et inexpérimenté du passé arrive à faire échouer celle à laquelle il est mêlé par hasard, alors que celui plus aguerri et volontaire du présent ne parvient qu'à en limiter les dégâts.



Scénario (Épisodes) = 3,9 / 5
Malgré quelques petites baisses de forme de temps à autre (Particulièrement dans ceux mettant en scène la catastrophique Huntress), les épisodes sont dans l'ensemble bons avec souvent une volonté de lier les intrigues dans le présent et dans le passé par des thèmes ou des situations communs ou en utilisant dans le présent une technique ou un objet acquis dans le passé. (Voir la section Épisodes pour plus de détails. La moyenne est arrondie à la décimale la plus proche.)



Humour = 3 / 5
Le ton sérieux de la série n'empêche pas les scénaristes de détendre parfois l'atmosphère par de petites touches d'humour salvateur apportés par certains dialogues et par le personnage un peu décalé de Felicity.



Héros = 5 / 5
Ancien connard égoïste qu'une expérience traumatisante a transformé en justicier urbain en quête de rédemption mais qui cherche encore ses marques et est souvent amené à se remettre en question, aussi bien en ce qui concerne ses méthodes que sa vision du monde et de ses proches, Oliver Queen (The Hood) est un héros intéressant et plus complexe qu'on pourrait le croire.



Costume = 3,5 / 5
Les designers s'inspirent du costume à capuche de la période Grell en plus cuir (Il faut vivre avec son temps!) et arrivent presque à rendre plausible la double-identité du héros (En tout cas, largement plus que dans les comics où il a longtemps été affublé de la barbichette la plus reconnaissable de l'univers!) qui s'efforce d'être toujours vu dans l'ombre (Au point que le spectateur a rarement une vue claire dudit costume) et utilise un gadget pour modifier sa voix quand il s'adresse à ses proches. Je dit "presque" parce qu'il y a le problème de son maquillage qui, s'il s'inspire de ses origines kirbyennes où il s'était hâtivement maquillé avec de la graisse pour dissimuler son identité lors de sa première intervention, est ici ridicule et malpratique car le mettre et l'enlever à chaque intervention implique une considérable perte de temps alors qu'un masque serait beaucoup plus pratique et efficace.



Pouvoirs et points faibles = 4 / 5
En tant que justicier réaliste, The Hood ne dispose pas de pouvoirs ou d'armes extravagantes, mais utilise quand même quelques flèches gadget qui sont l'apanage de son alter ego comics, tout en prenant soin d'éviter les plus farfelues et de rester dans les limites d'une technologie plausible.



Autres super-héros = 0 / 5
Cette première saison ne cesse d'introduire des super-héros connus de l'univers de Green Arrow (Shado, Roy Harper, Laurel Lance) mais ne les utilise que sous leur identité civile, la seule exception étant Huntress qui semble se positionner comme partenaire attitrée du héros avant de devenir une super-vilaine caricaturale. D'où la désagréable impression que les scénaristes nous narguent.



Allié(s) = 4 / 5
Dans le présent, Oliver est secondé par deux partenaires efficaces et complémentaires qui lui servent également de balises morales en l'amenant régulièrement à reconsidérer ses méthodes et sa vision du monde: John Diggle (5 / 5) pour les muscles et Felicity Smoak (5 / 5) pour le cerveau. Le premier possède sa propre intrigue fil rouge basée sur sa poursuite de l'assassin de son frère, tandis que la seconde apporte beaucoup d'humour grâce à sa personnalité farfelue et ses répliques savoureuses. Dans le passé, si Slade Wilson (5 / 5) est aussi excellent que charismatique et Yao Fei Gulong (4 / 5) un allié ambigu dont les changements de camp sont toujours parfaitement justifiés, Shado (1 / 5) est à la limite de la Mary Sue à force de sortir sans cesse de nouvelles compétences au gré des besoins du scénario: elle fait jeu égal avec Slade au combat au point qu'on se demande comment les hommes de Fyers avaient pu la capturer et encore plus la retenir prisonnière, tire à l'arc au moins aussi bien que son père, fait du yoga comme une championne et sait même reprogrammer un missile en plein vol ... À croire qu'on aurait plus vite fait de lister ce qu'elle ne sait PAS faire!



Entourage civil ≈ 3,8 / 5
Il y a du bon et du moins bon. Rien à redire sur Moira Queen (5 / 5) qui est ambiguë à souhait, tandis que Walter Steele (4 / 5) est sympathique et Quentin Lance (5 / 5) efficace et charismatique en flic désabusé qui traque le héros tout en faisant parfois appel à son aide. Teasée comme une potentielle partenaire d'Oliver, Laurel Lance (2 / 5) est trop souvent réduite à un prétexte scénaristique pour le lancer dans une nouvelle mission (dans les premiers épisodes, il s'occupe principalement de ses clients), une demoiselle en détresse ou une pointe du triangle amoureux avec Oliver et Tommy Merlyn (5 / 5). Si ce dernier fonctionne en renvoyant à Oliver l'image de qui il était avant d'être transformé par son séjour à Lian Yu tout en étant à la fois son meilleur ami et le fils de son pire ennemi, Thea Queen (2,5 / 5) qui est censée lui renvoyer la même image louche dangereusement sur l'ado rebelle tête à claques mais a suffisamment de marge de manœuvre pour qu'on veuille bien lui laisser sa chance. Enfin, Roy Harper (3 / 5) est intéressant pour son parcours similaire à celui du héros qui le positionne comme un équipier potentiel (Bien que d'origines différentes, l'un riche et l'autre pauvre, ils étaient tous les deux égoïstes et irresponsables avant que le fait de frôler la mort ne les amène à vouloir se racheter) mais est trop beau gosse et propre sur lui pour être crédible en délinquant des quartiers pauvres, sans parler des acrobaties involontairement comiques qu'il effectue lors de ses combats. (La moyenne est arrondie à la décimale la plus proche.)



Personnages secondaires = 2 / 5
Malheureusement, de ce côté là, ils sont presque tous oubliables. Si on excepte de très rares exceptions comme Robert Queen ou Frank Chen, la plupart ne servent qu'à mettre en place l'intrigue du jour en tant que victimes ou criminels en col blanc mais ont peu ou pas de personnalité et encore moins d'arc scénaristique, quand ils ne sont pas tout simplement là (Les amies et flirts de Thea dont j'avais oublié l'existence avant de revisionner la saison pour ce dossier, Anastasia dont on nous récite tout le CV quand elle apparaît mais qu'on ne revoit plus ensuite). Le plus navrant, ce sont les personnages semi-réguliers avec du potentiel dont on se débarrasse cavalièrement sitôt que les scénaristes n'en ont plus besoin (Joanna de la Vega, McKenna Hall).



Antagonistes principaux = 3,5 / 5
Si Malcolm Merlyn (Dark Archer) est un excellent antagoniste, on ne peut pas en dire autant d'Edward Fyers qui paraît bien terne à côté.



Autres antagonistes = 2,5 / 5
Green Arrow n'ayant pas une galerie d'ennemis particulièrement fournie (Ironiquement, les deux seuls à en provenir à part Merlyn sont China White et The Count qui comptent parmi les plus ratés de la saison), les auteurs sont obligés de lui opposer des adversaires d'autres héros DC (Quand ce ne sont pas carrément des héros transformés en vilains!) mais passés à travers un filtre réaliste, c'est à dire sans pouvoirs et sans costumes hauts en couleur, quand ce ne sont pas des criminels lambda parfaitement oubliables. Il en résulte que la plupart des antagonistes de la série sont peu réussis, même si certains font sens parce qu'ils ont des aptitudes au tir comparables à celles du héros (Deadshot, Huntress), parce qu'ils ont été victimes des mêmes injustices sociales contre lesquelles il lutte (Le Royal Flush Gang, Firefly) ou parce que ce sont des justiciers extrémistes qui l'obligent à remettre en question ses propres méthodes (Huntress, Savior). (Voir la section antagonistes pour plus de détails. Les moyennes sont arrondies à la décimale la plus proche.)



Décors = 2 / 5
Rien à redire sur les décors naturels de Lian Yu qui donnent bien l'impression d'être sur une île "déserte" et hostile. En revanche, la base secrète de The Hood fait cheap et bricolée avec les moyens du bord (Tout son budget "justicier" est passé dans ses flèches gadgets ou quoi?), tandis que les Glades, censées être une zone livrée au crime et à la pauvreté, paraissent beaucoup trop propres.



Technologie = 3 / 5
Cette première saison jouant la carte du réalisme, elle s'efforce d'utiliser une technologie plausible, notamment avec les gadgets du héros. Le problème est que dans ce contexte, la machine déclencheuse de séïsme du dernier acte semble sortir d'un récit SF et est trop décalée par rapport au reste de la série.



Casting = 5 / 5
À la fois très physique et aussi crédible en connard égoïste qu'en naufragé déboussolé ou en justicier implacable selon les époques où on suit son personnage, Stephen Amell est un excellent choix pour incarner Oliver Queen.



Combats = 2 / 5
On sent que les acteurs se sont entraînés au combat et au tir pour leurs rôles et il y a quelques efforts d'inventivité, comme quand The Hood utilise son arc pour frapper ou immobiliser ses adversaires au corps à corps; mais cette première saison souffre d'un défaut récurrent des productions actuelles: le montage speedé et surdécoupé qui rend les scènes d'action peu lisibles. Vivement que cette mode passe!



Effets spéciaux = 4 / 5
Cette première saison faisant l'impasse sur le fantastique et les super-pouvoirs, il y a peu d'effets spéciaux; néanmoins, les quelques incrustations sont bluffantes, tout comme les flèches en CGI (Pour éviter les accidents sur le tournage, aucune des flèches tirées par le héros ou ses adversaires n'est réelle).



Musiques = 3 / 5
Blake Neely compose des thèmes à l'ambiance sombre ou mélancolique mais aussi d'autres qui retranscrivent bien la sensation d'une renaissance d'espoir apportée par le héros (Money's gone). Malheureusement, hormis le thème principal qui, s'il n'est pas mauvais, serait beaucoup plus approprié pour accompagner un cliffhanger final, ses compositions manquent de morceaux mémorables ou qu'on associerait immédiatement à la série en les entendant, d'où l'impression d'une BO efficace mais impersonnelle.



Générique(s) ≈ 1,3 / 5
Comme les autres séries de l'Arrowverse, Arrow n'a pas de véritable générique mais chaque épisode s'ouvre sur un monologue qui trouve sa version définitive à partir de l'épisode 4: "My name is Oliver Queen. For five years, I was stranded on an island with only one goal: survive. Now, I will fulfill my father's dying wish: to use the list of names he left me and bring down those who are poisoning my city. To do this, I must become someone else. I must become ... something else." = "Mon nom est Oliver Queen. Pendant cinq années, j'ai été naufragé sur une île avec un seul objectif: survivre. Maintenant, je vais accomplir la dernière volonté de mon père: utiliser la liste de noms qu'il m'a laissée et faire tomber ceux qui empoisonnent ma ville. Pour accomplir cela, je dois devenir quelqu'un d'autre. Je dois devenir ... quelque chose d'autre." Ce monologue s'accompagne d'extraits de la série, les images où Oliver affronte des criminels ou s'entraîne changeant à chaque fois, avant de se terminer sur un plan où il rabat sa capuche sur son visage.


Après une séquence prégénérique, on voit le titre apparaître de façon assez austère devant une pointe de flèche. (Thème = 2 / 5, Monologue & montage = 1 / 5, Titre = 1 / 5, Moyenne = 1,3 / 5)


Le générique de fin est suivi du logo de DC qui, s'il aura droit à des animations personnalisés dans les séries suivantes, se contente ici d'incorporer un dessin de Green Arrow.




NOTE FINALE = 12,8 / 20